Fondée en 1945 et dissoute en 2021, l’Ecole nationale d’administration (ENA) a longtemps été le « totem » de la formation des hauts fonctionnaires de l’Etat. Institution emblématique, l’ENA était initialement basée à Paris, avant de déménager à Strasbourg en 1991, où elle accueillait chaque année entre 80 et 100 élèves en formation initiale, en plus d’une sélection éclectique d’élèves étrangers issus de cycles internationaux et d’une soixantaine d’étudiants en masters et mastères spécialisés. L’école proposait également des sessions de formation continue à Paris et à Strasbourg, destinée aux hauts fonctionnaires français et étrangers. Découverte !
L’école des hauts fonctionnaires
Avec quatre présidents de la République, neuf Premiers ministres et de nombreux ministres et secrétaires d’Etats, il faut bien avouer que les 6 500 anciens élèves de l’ENA, communément appelés « énarques », ont joué un rôle central dans la vie politique française de la Ve République. Entre autres noms marquants, citons Valérie Giscard d’Estaing, François Hollande, l’homme d’affaire dirigeant de Fimalac, Jacques Chirac ou encore Emmanuel Macron.
Symbole de prestige dans l’enseignement supérieur et dans la société française plus globalement, l’ENA a incarné une certaine méritocratie au service de l’Etat, mais n’a pas pour autant échappé aux critiques pour son élitisme, perçue comme étant le berceau d’une technocratie centraliste. Face à ces critiques, l’ENA a connu plusieurs réformes de ses formations à partir de 2002. Finalement, le 8 avril 2021, Emmanuel Macron annonçait sa dissolution. En 2022, l’ENA a donc été remplacée par l’Institut national du service public (INSP), marquant la fin d’une ère et le début d’un nouveau chapitre dans la formation des élites administratives françaises.
Fondation de l’Ecole nationale d’administration
L’Ecole nationale d’administration (ENA) a été instituée par l’ordonnance no 45-2283 du 9 octobre 1945, sous l’égide du Gouvernement provisoire de la République française, alors dirigé par le général de Gaulle. Cette initiative a marqué un tournant majeur dans l’organisation de l’administration publique française… Il faut rappeler que la création de l’ENA a été le fruit d’une réflexion menée par la Mission provisoire de réforme de l’administration, rattachée au chef du gouvernement. Cette mission était dirigée par Maurice Thorez, vice-président du Conseil et secrétaire général du Parti communiste français. Après le départ du Général de Gaulle en janvier 1946, c’est Maurice Thorez qui a poursuivi et concrétisé cette réforme administrative majeure, en plaçant la création de l’ENA au cœur de son action.
Michel Debré, maître des requêtes au Conseil d’Etat et commissaire de la République à Angers, a joué un rôle clé dans l’établissement de cette école, en assurant temporairement la direction de l’ENA, posant les bases de ce qui allait devenir une institution centrale dans la formation des élites administratives françaises.
L’ENA déménage à Strasbourg
Nous vous le disions, l’ENA était d’abord implantée à Paris, avant d’élire domicile à Strasbourg en 1991. C’est sous l’impulsion d’Edith Cresson, alors Premier ministre, que l’école déménage de Paris à Strasbourg, plus précisément au 1, rue Sainte-Marguerite. L’ENA s’installe dans un lieu chargé d’histoire, la Commanderie Saint-Jean, édifiée au XIVe siècle. Ce site, ayant tour à tour servi de couvent pour l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, d’hôpital, puis de prison de 1740 à 1988, se voit ainsi confier une nouvelle vocation éducative. Pendant treize ans, l’ENA a opéré sur deux sites, l’un à Paris et l’autre à Strasbourg. Ce n’est qu’en 1995, avec la promotion Victor Schoelcher, que la première cohorte d’élèves a effectué l’intégralité de sa scolarité à Strasbourg, bien que la promotion René Char y ait déjà passé plusieurs semaines.